Exposition présentée en collaboration avec Silver Flag Projects
Public Disturbance
Série HB : Prise 1 / Prise 2 / Prise 3
L’artiste Kelly Marks’inspire d’objets et de scènes de la vie quotidienne qu’elle tourne en dérision par des manipulations futiles. Interventions simplistes, répétitions improductives, collections d’objets et d’images trouvés, gestes inutiles et pauvres sont élevés au rang d’œuvre d’art. Par la légèreté et la justesse de leurs messages ironiques et radicaux, ses «actions», souvent en décalage avec leur contexte ou leur réalité, font sourire en ce qu’elles poétisent la banalité, tout en portant un regard critique sur la production artistique, remise ici en question. Travaillant avec une large variété de medium (sculpture, photographie, vidéo, performance, son), l’artiste se place autant dans le courant de pratiques conceptuelles et minimales des années 60 par la pauvreté de leur contenu artistique, qu’elle se joue de l’art textuel et de ses aphorismes, livrant des messages sans portée, pointant des évidences, ou bien se riant de l’art technologique par des installations Low-Tech, conçues à l’aide de poste de téléviseurs bas de gamme. En ce sens, Kelly Mark réinterprète librement les attitudes propres à différents mouvements artistiques contemporains actuels et revisite l’histoire de l’art.
Dans Public Disturbance : HB series : take 1/ take 2/ take3, 2010, sa dernière œuvre vidéographique, l’artiste s’inspire d’une scène de ménage, tirée d’un film hollywoodien de second plan. Parti d’une invitation à dîner, le dialogue du couple dérape sur des conflits relationnels plus intimes. Des acteurs professionnels ont été engagés à rejouer la scène trois fois, à différents moments à l’occasion de la soirée de levée de fonds du Power Plant, galerie d’art de Toronto. Jouant sur l’ambivalence entre le film et la performance, glissant entre superficialité et mondanité, l’œuvre rebondit d’un univers vide à un autre, et laisse l’observateur hébété et perplexe face à son propre manège médiatique.
Cette façon de se réapproprier des films marquants de l’histoire du cinéma, par la sélection et la remise en scène d’extraits choisis, est un phénomène qui n’est pas nouveau dans le champ de l’art actuel. Par l’extrême banalité du passage sélectionné, se révélant plus de l’ordre du cliché sociologique que de la prouesse artistique, et par sa répétition successive à l’occasion de cet événement privé «glamour», de quoi Kelly Mark se moque-t-elle? De la superficialité des rapports humains, ici en l’occurrence des relations de couple, ou de la cohérence des pratiques actuelles qui tendent à revisiter des «monuments» cinématographiques, et plus généralement, les tendances de l’histoire de l’art?
Parallèlement à sa pratique conceptuelle, Kelly Mark réalise depuis une dizaine d’années des dessins abstraits à partir de Letraset, lettres et pictogrammes préformatés auto-adhésifs. À l’aide de cette nouvelle technique, l’artiste applique une autre forme de «détournement», une approche récurrente à sa pratique, mais n’en tire ici que jouissance pure et accomplissement, laissant libre cours à son sens intuitif de la composition.
L'artiste remercie le Conseil des Arts du Canada pour son soutien au projet.
Kelly Mark
Kelly Mark a obtenu son baccalauréat en beaux-arts du Nova Scotia College of Art and Design en 1994. Depuis, ses œuvres ont été exposées au Canada et à l’étranger et se trouvent dans plusieurs collections privées et publiques, dont celle du Conseil des arts du Canada. Le public montréalais a eu l’occasion de voir ses œuvres en 2008, lors d’une exposition solo à la galerie Vox, et plus récemment, elle a réalisé une performance à DHC-Art en 2009. Kelly Mark est invitée en résidence à la Fonderie Darling pour une durée d’un mois. Elle vit et travaille à Toronto.
Commissaire
Caroline Andrieux