Numa Amun  /  Absoluité

Être devant l’une des œuvres de Numa Amun, c’est contempler l’exactitude du geste, s’émerveiller devant cette minutie maniaque et se laisser guider par l’obsession de l’artiste pour le travail de la ligne et de la couleur. C’est admirer la patience laborieuse, si antinomique à notre époque, par laquelle se met en œuvre un plan rigoureux où rien n’est laissé au hasard. Il faut plus d’un an à l’artiste pour peindre une seule œuvre. Comment imaginer que ces tableaux mystérieusement encastrés dans le mur furent réalisés selon des procédés entièrement analogues, sans aucun outil numérique, grâce au perfectionnement d’une technique de mise au carreau qui aurait pu exister il y a deux mille ans ?


L’exposition Absoluité présente le plus récent travail de l’artiste : trois œuvres hyperréalistes cherchant à représenter ce qui échappe au visible. Trois personnages saisis au cœur d’une expérience subjective mystérieuse, celle du voyage astral. Aussi appelé expérience de hors-corps, il s’agit du phénomène lors duquel une personne est confrontée à la sensation que sa conscience se sépare de son corps physique. Amun choisit, de manière aussi fascinante que paradoxale, de représenter ce déplacement de la conscience hors de l’enveloppe corporelle en s’efforçant à représenter le corps dans toute sa précision. Les couleurs et les textures évoquent les muscles ; rappellent involontairement que sous la peau se trouve le cœur, les poumons, les entrailles.


À travers cette exposition, Numa Amun aborde l’expérience contemplative comme une méditation sur le ressenti poussée jusqu’à la déconnexion du corps et de l’esprit. Il convoque ainsi l’invisible grâce à une fragmentation des couleurs, comme une fragmentation de la réalité.

Réalisé en 2003 par Alejandro González Iñárritu, ce film aborde de manière existentielle des questions liées au destin, aux coïncidences, à la vie, à la mort.

Numa Amun

Numa Amun est né à Montréal en 1974 et a complété une maîtrise en art visuel à l'université Concordia. Il a exposé in situ dans la tour de l'église de la Nativité-de-la-Sainte-Vierge en 2004 et à l'église du Très-Saint-Nom-de-Jésus en 2018, toutes deux situées dans Hochelaga-Maisonneuve. Il a pris part à de rares expositions ici et à l'extérieur de la province, comme à la Illingworth Kerr Gallery de Calgary en 2009. Ayant fait partie de la Biennale de Montréal en 2007 et de la Triennale du Musée d'art contemporain de Montréal en 2011, il a plus récemment fait l'objet d'une exposition solo au MNBAQ en 2019.