Au risque d’entraîner l’éveil #5 propose une série d’interventions artistiques inspirées de disciplines situées au seuil de la création : l’histoire de l’art, la recherche, l’archivage et l’usage de méthodes indirectement éducatives et pédagogiques dans les pratiques artistiques. L’oralité, la discussion de groupe et le partage des savoirs s’activent sur la rue Ottawa, grâce à des conversations libres par lesquelles le public s’interroge sur la manière dont la performance existe et prend forme. Cette soirée amorce ainsi une réflexion sur le rôle de l’art et son impact sur nos expériences quotidiennes, en permettant au public néophyte de s’approprier les codes du langage de l’art performatif.
18 H - Steve Giasson - Une conférence à propos des discussions de Ian Wilson
Steve Giasson présente une conférence performative adoptant la forme d'un hommage à Ian Wilson, artiste sud-africain qui compte parmi la première génération de l’art conceptuel du New York des années 1960. Celui-ci explore un art radical où la communication orale et la discussion de groupe forment le contenu même de ses oeuvres. Seul trace de son passage, un certificat est ensuite distribué aux participants indiquant qu’une oeuvre d’art s’est produite à telle date à un moment T. Steve Giasson explore cette formule dans une lecture qui aborde trois sujets : le leg de Ian Wilson pour l'art relationnel, sa pratique, ainsi que la question de l'absolu, un sujet éminent pour l’artiste. Sans chercher à disséminer son savoir, Steve Giasson propose plutôt une lecture discursive qui pose la question de l’intérêt des participants et de leur qualité d’audience. Installés en cercle, l’orateur et son public sont en situation de quasi-contrainte, bouclés dans cet espace artificiellement clos.
Steve Giasson est un artiste conceptuel. Usant de différents médiums (écriture conceptuelle, art performance, micro-intervention sculpturale, vidéo, etc.), ses œuvres se caractérisent par une grande économie de moyens témoignant de son rejet du spectaculaire et du décoratif. Sa pratique, engagée et pince-sans-rire, s’appuie généralement sur des œuvres préexistantes, des fragments historiques ou quotidiens, qu’il s’approprie selon différentes modalités, entre hommage et outrage. Il cherche ainsi à mettre à mal les notions romantiques d’authenticité et d’originalité et à démystifier le processus créateur et la figure de l’artiste.
19H - Une bibliographie commentée en temps réel : l’art de la performance au Québec et au Canada
Considérant la rencontre entre la performance et l’écriture comme forme élargie, les performances présentées par Une bibliographie commentée visent à révéler les différents mécanismes à l’oeuvre dans la création d’un savoir et d’un discours. La Place Publique devient l’occasion d’activer les marges du travail d’archive, alors que derrière la bibliographie commentée se trouve aussi l’accumulation de trajectoires humaines et artistiques à travers lesquelles la performance prend forme à travers le temps. Gestes et récits personnels participent ainsi à l’écriture de la performance, dont l’archive se construit aussi selon les différentes formes relationnelles et performatives que sont la narration, la fiction, la poésie et l’oralité. Désirant créer un espace de réflexion, le groupe de recherche a invité les artistes Sophie Castonguay et Francys Chenier à proposer une performance ou une intervention qui répond à ce contexte.
Une bibliographie commentée en temps réel : l’art de la performance au Québec et au Canada, sous la direction de Barbara Clausen, a été initiée par le département d’histoire de l’art de l’UQAM en 2015. Ce projet de recherche universitaire, en collaboration avec la Bibliothèque des Arts de l’UQAM et Artexte, financé par le FRQSC, s’engage à dresser l’inventaire des textes et des ouvrages que des théoricien.ne.s, critiques, artistes, conservateur.trice.s et autres auteur.e.s ont rédigés par anticipation, en réaction ou en réponse à l’art performatif.
Membre du groupe de recherche depuis 2015, Jade Boivin est travailleuse culturelle, présentement rédactrice en chef de la revue Vie des Arts. Ses recherches envisagent une écriture queer de l’histoire de l’art de la performance, à l’intersection entre l’affect et la fiction. Camille Richard, membre du groupe de recherche depuis 2018, s’intéresse à travers ses recherches aux relations d’influence entre les pratiques artistiques conceptuelles, l’architecture muséale et les fonctions institutionnelles.
Sophie Castonguay élabore des dispositifs performatifs dans lesquels elle met en scène la parole des spectateurs. Ces mises en scène se déroulent généralement dans des lieux d'expositions ou dans des espaces publics permettant l'élaboration de récits spécifiques au lieu. Par l’usage de modalités narratives, elle tente de créer des interférences dans la réception de l’œuvre et/ou dans la perception du lieu. Elle travaille ainsi dans l'intervalle entre l'image tangible et l'image projetée et interroge les relations entre le visible et le dicible.
Francys Chenier observe une pratique interdisciplinaire singulière qui s'applique à créer des croisements entre les Mondes littéraires, visuels et performatifs, faisant d'une collection personnelle, d'une bibliothèque publique, du rayonnage de librairie ou d'un calepin de notes une polyphonie potentielle à révéler. Forte de l'héritage des avants-garde et de la modernité du XXème siècle, sa recherche se nourrit autant des dimensions graphiques et typographiques de l'écriture, de la matérialité de l'objet livre et des arts d'impression, que celles musicales et métriques de la poésie.
À partir de 17H30, venez déguster les bières artisanales de notre généreux commanditaire la microbrasserie locale 4 Origines et de délicieux tacos (argent comptant seulement) !
DJ set de Jérôme Nadeau.