Certains corps refusent de disparaître : même niés, engloutis et morts, ils persistent à vivre. Dans JUDITH, Sarah Chouinard-Poirier active la figure du zombie — corps nié, contaminé, monstrueux — pour ronger les récits hygiénistes de la guerre à la drogue et faire parler les mort·es qu’on aurait voulu taire. La performance de Vir Andres Hera fait remonter à la surface les voix de celles et ceux qui furent jeté·es par-dessus bord durant la traite transatlantique, dans une polyphonie de sons, d’archives brisées et de présences diffractées. Deux performances pour faire parler ce qui refuse de mourir et pour ébranler l’ordre des silences imposés, depuis la chair des absents.
DÉROULÉ
16H00 / Atelier Retailles
18H00 / Performance de Sophie Chouinard-Poirier
19H00 / Performance de Vir Andres Hera
20H00 / DJ set de PLZRS
Service bar jusqu’à 22h
Service traiteur par Le Serpent + La Picá Chilenita
ATELIER RETAILLES / Fabriquer le papier de quenouille
Dans le cadre d’un atelier d’un atelier ouvert et in situ, les participant·e·s sont invité·e·s à découvrir la fabrication de papier à partir de fibres de quenouille récoltées localement. Chacun·e pourra battre les fibres à la main et former sa propre feuille de papier. Ancrée dans le paysage des milieux humides, l’activité met en valeur la récolte responsable, les matériaux naturels et une approche sensorielle de la création. L’atelier permet à tous les publics de découvrir les gestes de base de la fabrication du papier, entre fibres, eau et cadre.
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Sophie P-Voyer est artiste visuelle et papetière basée à Tiohtià:ke/Montréal. Elle découvre la fabrication du papier à la main durant son baccalauréat en arts plastiques à l’Université Concordia, complété en 2016. En 2018, elle fonde l’Atelier Retailles pour soutenir sa recherche sur le papier comme médium contemporain et écoresponsable. Voyer enseigne, accompagne des artistes et collabore à des productions sur mesure à partir de fibres variées — souvent issues de retailles textiles de l’industrie locale. Les œuvres réalisées sous sa supervision ont été exposées au Musée d’art contemporain de Montréal (Danse Macabre, 2021, Nicolas Lachance), à Los Angeles (Princess Diana Exhibition, 2021, Pauline Loctin), à la Foire d’art contemporain de Saint-Lambert (série Ton sur ton, 2018, Véronique Buist), ainsi que dans plusieurs galeries et centres d’exposition à Montréal.
SARAH CHOUINARD-POIRIER / JUDITH
Quel est cet autre dont la conscience aurait été évacuée du corps, dont on craint le sang et les dents? Sarah Chouinard-Poirier invite à observer la séparation entre l’humain et le moins qu’humain dans JUDITH, une performance où se croisent savoirs situés, spéculation, codes du cinéma, et (une certaine) culture populaire. À partir de son travail communautaire et militant auprès de personnes qui consomment des drogues, Chouinard-Poirier tente de réveiller ses mort-es pour qu’iels rongent les biopouvoirs hygiénistes, racistes et classistes régissant les substances et les corps. Par l’humour, la citation, la confession et l’incarnation, l’artiste interroge le langage et les métaphores issues de l’imaginaire des morts-vivants servant à monétiser la peur de l’autre dans le contexte de la guerre à la drogue.
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Sarah Chouinard-Poirier est un.e artiste qui vit et travaille à Tiohtiá:ke/Mooniyang (Montréal). Iel gagne sa vie dans le milieu communautaire. Son travail a été présenté dans plusieurs centres d’artistes, musées, théâtres, festivals, conférences, débits de boisson, espaces autogérés et autres lieux bâtards au Québec, au Mexique et en Pologne.
VIR ANDRES HERA / At the limit of the otherworldly limit of the world
Cette performance prend pour point de départ le puissant poème Zong ! de Marlene NourbeSe Philip. Dans ce texte, l’autrice donne forme à un chaos poétique pour faire entendre les voix des silencieux : celles et ceux jetés par-dessus bord lors de la traversée transatlantique. Pour elle, ces vies englouties continuent d’exister, au-delà de la mort.
En écho à cette démarche, Vir Andres Hera déploie une performance mêlant sons marins, ballroom, cloches, sismographes, voix et boucles sonores. Ces éléments composent un récit polyphonique aux temporalités multiples, où des corps fragmentés tentent de se reconstituer.
Par ce geste, l’artiste cherche à « remembrer » les corps démembrés, à dialoguer avec les morts et à détourner les formes d’archives historiques mobilisées pour légitimer la violence coloniale. S’inspirant de la méthode de déconstruction radicale de NourbeSe Philip, la performance devient alors un espace de résistance, de rituel et de mémoire vivante.
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Formé au Fresnoy, au Mo.Co. Montpellier et à l’UQAM à Montréal, Vir Andres Hera a été en résidence à la Casa de Velázquez, Triangle-Astérides, Breaking Bread et au Salzburger Kunstverein. Son travail a été présenté à l’international, notamment à la Haus der Kulturen der Welt, à la Gaîté Lyrique, à Mimosa House et à la Fondation Luma Westbau. Son installation Amoxtli a récemment reçu le prix Jeune Création à la Biennale de Lyon, et le Centre Pompidou lui a consacré une rétrospective. En 2025, le Musée Tamayo publiera une série de ses écrits, et en 2027, ses œuvres seront exposées à l’Art Gallery of New South Wales, à Sydney, dans le cadre d’une importante exposition consacrée aux diasporas autochtones.
La pratique cinématographique de Hera résiste à la clôture et embrasse la multiplicité, composant des constellations d’images, de gestes et de langues qui reconfigurent l’expérience du temps, de la voix et de l’identité dans l’image en mouvement. Il a également dirigé le programme de maîtrise de l’École expérimentale d’Annecy-Alpes, où il a enseigné le cinéma de 2021 à 2025. Il fait en outre partie du comité éditorial de Qalqalah قلقلة, une plateforme transdisciplinaire dédiée à la recherche et à la traduction.
PLZRS
PLZRS cherche à créer un pont entre le public montréalais et la scène musicale underground en pleine effervescence de l’Amérique latine. Le collectif met de l’avant des interprétations avant-gardistes de la nouvelle musique latinx, en explorant les sons du néo-perreo, hyper-reggaeton, latin bass, club latinx, guaracha, et bien plus encore. PLZRS valorise aussi la collaboration intersectionnelle en mettant en lumière des artistes latinx issu·es de divers domaines, notamment les arts visuels et la performance.
