Les Éponges expressionnistes de Giorgia Volpe exécutent dans l'espace une multitude de contorsions organiques. D'aspect plat à la base, d'ordinaires morceaux de mousse synthétique subissent les manipulations de l'artiste et se transforment en de multiples volumes. Ces variations séquentielles prennent différentes formes dont la matière et les replis font directement référence à certaines parties du corps humain. Oreille ourlée, phalanges enchevêtrées, nombril introverti, téton, vagin ou anus, trônent sur le fond totalement nu du papier blanc et sont autant de clins d'oeil à nos petits amas de chair. Ces «portraits», qui incarnent nos extrémités, ce passage de l'intérieur vers l'extérieur, du dehors vers le dedans, des pleins et des vides, offrent à ce vulgaire objet industriel, une dimension charnelle. Planches d'anatomie, mi-animale mi-organique, ces images mises en scène, agrandies et retouchées, sont suspendues entre le réel et l'imaginaire, dans un vide informatisé.
Parallèlement, une vidéo enregistre le geste de l'artiste agressant de façon répétitive la surface plane de la mousse et imprégnant la mémoire de cet acte dans la matière, telle une peau qui subit les tensions et se ride avec le temps.
Dans sa démarche, Giorgia Volpe explore le rapport du corps à son environnement par la mise en espace de formes dans lesquelles elle fige le geste, le mouvement. L'enveloppe sensorielle qu'est la peau, le passage entre l'intérieur et l'extérieur, sont des thèmes récurrents dans son œuvre. Appartenant à ce courant d'artistes qui utilisent des matériaux pauvres dont ils détournent le sens et les poétisent, Giorgia Volpe aborde, de façon radicale et minimaliste, la frontière entre l'intime et le public.
Caroline Andrieux
Giorgia Volpe
D'origine brésilienne, Giorgia Volpe vit et travaille à Québec depuis 1998. Artiste multidisciplinaire, elle a étudié à l'Université de Sao Paulo et à l'Université Laval à Québec et a participé à de nombreuses expositions au Centre Vu, à la Chambre Blanche, au Lieu à Québec. Ses impressions numériques sont produites au centre Sagamie à Chicoutimi où elle a effectué plusieurs résidences. À Montréal, elle a présenté son travail lors d'une exposition de groupe au centre de diffusion textile, Diagonale.
Commissaire
Caroline Andrieux