Quartier Éphémère présente une exposition des oeuvres récentes d'Anthony Burnham. Réunies sous un titre qui évoque d'emblée l'esprit programmatique, voire utopique dans lequel s'est traditionnellement conçu l'urbanisme des banlieues, ce n'est cependant pas à une quelconque critique de nature socio-politique que se livrent ces oeuvres. Les narratifs de la banalité qu'elles donnent à voir ne s'apparentent pas davantage aux représentations médiatiques d'usage, la banlieue étant ici capturée sur un mode intimiste et expérimental, comme par le truchement d'une Super 8 dépoussiérée. L'appropriation des lieux s'effectue à échelle réduite, découpant l'espace d'un théâtre d'extérieur où se donnent en représentation autant de saynètes burlesques. On y rejoue l'éveil des sens, l'épisode des petits accidents et l'exhibitionnisme de comédies enfantines produites pour des yeux complaisants; on y met en scène des jouets fétiches et la modélisation des expériences adultes. Mais de ces tableaux, exécutés dans un style dont la nonchalance renvoie à une spontanéité ludique, c'est paradoxalement une réflexion sur la peinture même qui se dégage, à mesure que sont tournés en ridicule une série de clichés qui jonchent son parcours historique : le peintre imitant la nature, brandissant le pinceau phallique, se complaisant comme un enfant dans la matière - c'est-à-dire, loin de toute responsabilité politique. Supurbia offre, en somme, le curieux spectacle d'une aire de jeu consacrée au souvenir des expériences heuristiques et de leurs courts-circuits désordonnés, réincarnés dans la dynamique même du processus artistique.
François LeTourneux
Anthony Burnham
Anthony Burnham est diplômé de l'Université Concordia. Il vit et travaille à Montréal.