Lawrence Weiner, Li Ran  /  BNLMTL 2014
L'avenir (looking forward)

LAWRENCE WEINER

LE RACCOURCISSEMENT D'UN ARC-BOUTANT CONTRE SUR PRÈS OU AUTOUR DU CERCLE ARCTIQUE, 1969

Convaincu que l’art est le fait empirique des rapports des objets aux objets en relation aux êtres humains et qu’il ne dépend pas des précédents historiques pour son usage ou sa légitimité, c’est dans cette optique que Lawrence Weiner participe à des projets et expositions publiques et privées. Plusieurs artistes participant à BNLMTL 2014 retournent à des moments clés de l’activisme social des années 1960 pour mieux réfléchir à ce que l’avenir nous réserve. Dans le cas de Weiner, trois œuvres ont été sélectionnées par les commissaires de La Biennale. L’une d’entre elles est présentée à la Fonderie Darling. Ces œuvres furent conçues en 1969 et réalisées dans l’Arctique canadien durant une période connue pour son élaboration de pratiques artistiques dématérialisées et qui a coïncidé avec l’activisme social en Amérique du Nord. À cet égard, Montréal n’a pas été en reste alors que les activités du Front de libération du Québec (FLQ) sont allées jusqu’à l’explosion d’une bombe, en 1969, dans les locaux de la Bourse de Montréal. En plus de leur contexte historique, les œuvres de Weiner abordent l’Arctique à la fois comme territoire et comme symbole, l’Arctique étant une région dont la précarité est traitée par d’autres artistes dans la Biennale.
Les propositions de Weiner n’ont pas nécessairement besoin d’être mises à exécution ; cependant, dans ce cas-ci, l’artiste s’est rendu avec Lucy Lippard à Inuvik, où il a posé un paquet de cigarettes contre un tas de terre, a construit un barrage sur un cours d’eau et tiré avec une carabine sur un rocher – toutes étant des interventions non permanentes dans un paysage aride et sublime. Né en 1942 dans le Bronx, Lawrence Weiner vit à New York et Amsterdam. Considéré comme l’un des piliers de l’Art Conceptuel, il participe, depuis les années 1960, à de nombreuses expositions internationales.

LI RAN

BEFORE INDULGENCE, AFTER FREEDOM, 2013

Li Ran utilise une grande variété de moyens d’expression, notamment la vidéo, la performance, la peinture, l’installation et l’écriture, pour examiner de quelle manière l’art a été produit et structuré par l’histoire. Dans Before Indulgence, After Freedom (2013), une caméra tenue à la main, vagabonde, capte lentement en gros plans des jeunes hommes discutant de vie et d’art, dans une conversation chaotique et fragmentée qui suggère l’enchaînement de la confession, du repentir, de la rétrospection, de l’affirmation et de la déduction participant à la création d’une œuvre. Chaises dépareillées, microphones, pieds et fils de projecteur figurent l’environnement ordinaire d’un studio. Le titre de l’œuvre décrit la situation actuelle de ces jeunes à Beijing, après la liberté mais avant l’indulgence, où l’argent a une voix et les relations politiques sont cruciales. La politique chinoise et le niveau de vie ne sont ni faciles ni justes. Jeunes et éduqués, ils parlent de Nietzsche, Hegel et Heidegger comme s’il s’agissait de personnes vivant aujourd’hui. On y retrouve également une veine romantique : cygnes amoureux, timidité innée et femme chérie. Ils cherchent à se réaliser eux-mêmes tout en faisant face à un avenir sans réponse apparente, et jamais ils n’oublient qu’« une simple bévue peut entraîner un chagrin de longue durée ». Né à Hubei en Chine en 1986, Li Ran est un artiste visuel qui vit et travaille actuellement à Beijing.