Au fil du temps et des expositions qui se succèdent, l’accueil de la Fonderie Darling est devenu un espace d’expérimentation artistique et un lieu privilégié pour offrir une visibilité aux résidents internationaux et leurs plus récents projets.
Ce printemps, l’artiste lauréat de la Résidence des Amériques Daniel Jablonski présente l’installation Brazil (2017-2020), une enquête sur la représentation du Brésil dans différentes cultures, telle qu’elle apparait dans des productions cinématographiques étrangères. L’œuvre réalisée pour le mur derrière le comptoir de l’accueil rassemble une sélection de clichés tirés d’une compilation totalisant presque mille longs métrages de fiction produits et tournés à l’international dans lesquels les mots « Brésil », « Brésilien » et « Brésilienne » apparaissent sans raison particulière, toujours sans liens directs avec le déroulement du scénario.
Le cas cité en exemple est justement le film Brazil (1985) de Terry Gilliam, un film de science-fiction dystopique n’ayant aucun lien avec le pays, si ce n’est la chanson Aquarela do Brasil d’Ary Barroso, qui répète à plusieurs reprises son iconique refrain : « Return I will / to Old Brazil ». Plus que les documentaires engagés sur le pays, ces petites références en apparence insignifiantes, perdues dans des dialogues fictifs, contiennent les vraies images inconscientes de l’exotisme. Distant à la fois temporellement et géographiquement, le Brésil est la face cachée de tous ces films, comme un trou noir dans les scénarios, dans lequel toutes les promesses, les rêves et les évasions des personnages sont projetés, sans jamais être accomplis.
L’œuvre Brazil de Daniel Jablonski dérive de l’installation (Still) Brazil (2017-2020), conçue comme un film dans lequel chaque élément explore une fonctionnalité cinématographique : le son, l’image mouvante, les clichés, le générique, etc. L’œuvre a été présentée sous diverses formes à la galerie Paço das Artes à São Paulo, au Centro Cultural Justiça Federal de Rio de Janeiro, et à la Fundación ArtNexus à Bogotà.
Daniel Jablonski
Daniel Jablonski est un artiste visuel, professeur et chercheur indépendant. Il est titulaire d’un Master en philosophie contemporaine de l’Université Sorbonne-Panthéon, Paris, et en histoire de l’art et muséologie de INHA, Paris, et Columbia University, New York.
Ses œuvres ont été présentées dans des expositions solos et de groupes, notamment à Instituto Tomie Ohtake (São Paulo, Brésil), Fundação Iberê Camargo (Porto Alegre, Brésil), Universidad Torcuato di Tella (Buenos Aires, Argentine) et à la Fundación ArtNexus (Bogotá, Colombie). Ses contributions écrites ont été publiées dans des magazines tels que Serrote, Amarello (São Paulo, Brésil) et Octopus Notes (Paris, France), ainsi que dans des journaux académiques tels que Concinnitas et Poiésis (Rio de Janeiro, Brésil).
Au cours des dernières années, Jablonski a remporté plusieurs prix lors d’expositions et foires nationales, en plus d’avoir été nominé à deux reprises au prix le plus prestigieux du Brésil : Prêmio PIPA. Il a aussi participé à plusieurs résidences internationales telles que celle de Lugar a Dudas à Cali, Colombie, et celle de la Fondazione Antonio Ratti, en Italie. Il vit et travaille présentement à São Paulo et enseigne l’histoire de l’art à MASP - São Paulo Museum of Art. Daniel Jablonski est l'artiste lauréat de la Résidence des Amériques 2020.