Mirador est une imposante installation extérieure composée d’échafaudages recouverts de divers
matériaux de construction. L'œuvre prend la forme d'une montagne schématisée qui s'étend sur une
grande surface de l'immeuble face à la Fonderie Darling. Une entrée aménagée à la base de la structure
permet de pénétrer à l'intérieur de ce fragment de paysage et d'en arpenter les entrailles afin de profiter
du point de vue exceptionnel offert par le promontoire situé au sommet. Ceux qui font l’ascension de la
montagne s'exposent ainsi à une perspective tout à fait différente sur le décor environnant. Mirador,
avec son esthétique brute rappelant les chantiers de construction, est le résultat d'une réflexion autour
du paysage, du factice, des jeux d'échelle et de l'espace public.
L'installation questionne notre rapport au paysage. L'image de la montagne à gravir, qui n’est pas sans
rappeler la conception du paysage de l’époque romantique, évoque un certain rapport au merveilleux, à
l’épique et au sublime. L’imposition de cet icône paysager en pleine rue souligne, par opposition, les
particularités du contexte urbain. Il entre en dialogue avec l'environnement industriel, bâti de toutes
pièces, et participe à l’imposition d’un « paysage fabriqué » au paysage existant, à la création d’une
nouvelle trame urbaine. La nouvelle perspective sur cet espace urbain étroit (offerte par le promontoire)
fait état de son absence d’horizon et de repères géographiques. À la manière d’un monument public, la
présence de la montagne ouvre vers une forme de présence énigmatique imposant un respect
révérencieux. Par son intégration au milieu urbain, la montagne devient elle-même ce monument.
Ce projet s’inscrit dans la continuité de travaux récents, notamment les oeuvres Lévis-sur-mer (2014),
Fait divers (2014) et Projet Clés en main (2010). Tout comme dans ces précédents projets, Mirador
témoigne de notre intérêt pour l’in situ, le construit, le paysage et le monumental. Dans le même ordre
d'idées, cette installation est basée sur un jeu d’échelle de l’objet par rapport à son territoire
d’occupation et fait référence à une imagerie connue, mais hors contexte. Ce procédé, utilisé
régulièrement dans notre pratique, permet une appropriation totale de l’espace occupé et une
transgression immédiate des repères contextuels du lieu. L'expérience immersive de l’oeuvre s'en trouve
bonifiée et bascule de l’appréhension d’un nouvel élément dans le paysage vers ce nouvel élément qui
devient le paysage lui-même.
Acapulco
Acapulco s'intéresse aux phénomènes de société qui semblent dicter les orientations des rapports humains et culturels par différents processus (économiques, entrepreneuriaux et politiques). Il prend plaisir à manipuler et dénaturer des icônes de la culture de masse et les présente dans un contexte inédit ou ambivalent.
Les œuvres d'Acapulco sont portées par un intérêt pour les interventions extérieures et les projets in situ. Le collectif s’immisce dans le paysage en empruntant aux codes de l’architecture, de l’urbanisme, du chantier de construction et de l’imagerie promotionnelle, pour mettre en place des sculptures et installations souvent monumentales.
L’ambiguïté et le canular sont également au cœur du travail d’Acapulco. Leurs installations deviennent un jeu dans lequel les artistes se mettent souvent en scène. Ce jeu crée une situation qui, en misant sur un opportunisme ou une plausibilité contextuelle, tente de créer une brèche dans le réel.