Lignes entrelacées / Ouverture des expositions

Les prochaines expositions de Sarah Stevenson dans la Grande salle et de Jeanette Johns dans la Petite galerie, sont présentées simultanément dans l’intention de dévoiler des complicités esthétiques tissant un lien entre deux générations d’artistes.

Deuxième itération de cet axe commissarial, Lignes entrelacées fait suite à l’exposition The Silver Cord, présentée à l’automne 2018 qui réunissait les œuvres de l’artiste reconnu John Heward et du jeune peintre Jean-François Lauda. Les deux artistes engagés dans l’abstraction livraient des compositions expressives dans lesquelles la gestuelle et la géométrie à la fois libéraient et contenaient la surface picturale. 

Dans la proposition Lignes entrelacées c’est la grille et la ligne qui sont omniprésentes dans les compositions minimales et géométriques et rassemblent le travail de Sarah Stevenson et Jeanette Johns. Dans la Grande salle, cinq sculptures aux formes organiques, construites à partir de fils de pêche colorés, flottent dans l’espace industriel. Des sculptures aériennes, vibrantes et évanescentes, créent des espaces ouverts et denses, à la fois légers et rigides. Dans la Petite galerie, relayées à travers différents médiums, les œuvres déploient le potentiel d’infinis possibilités qu’offrent la grille. Des pièces de tissage aux motifs répétitifs, serrées et texturées, révèlent le travail mécanique du métier à tisser; les lignes parallèles et perpendiculaires s’enchevêtrent et forment des constructions imaginaires. 

Malgré son austérité, la grille offre une source inépuisable de variations qui contiennent et libèrent toute à la fois. Rationnelle et non relationnelle, elle permet d’éliminer toute forme de subjectivité, de narrativité, tout en conservant l’expérience esthétique provoquée par un geste répétitif qui plonge notre regard dans une forme de transe visuelle. La grille engendre le désir de simplement se laisser emporter à travers ses lignes, d’abandonner son esprit, de ralentir et d’ouvrir ses yeux et son âme, à la recherche d’une émotion abstraite. 

 

Caroline Andrieux