Sylvain Campeau / Chantal Dumas : Havres
Havres est le résultat d'une collaboration entre Sylvain Campeau, poète, et Chantal Dumas, artiste sonore. Le point de départ de ce travail a d'abord et avant tout été géographique. C'est une fascination pour l'artificialité de certaines parties de Montréal, entièrement construites pour le développement industriel et culturel de la cité, qui a tout déclenché.
Commençons par le Parc de la Cité du Havre. On a aujourd'hui oublié que cette langue de terre doit tout à l’industrie des hommes. À l’origine, seule existait la toute menue Pointe des Moulins. Une première jetée fut construite à la fin du 19e siècle, pour faire usage de brise-lame et ainsi protéger la ville des inondations printanières. Elle a été d’abord connue sous le nom de « quai de Garde » (1891), puis de « jetée Mackay » (1908). Elle est ensuite devenue, 1,75 million de mètres cubes de remblai plus tard et par un prolongement visant à la constitution du site de l’Expo 67, la Cité du Havre. De là, nous sommes passés passé à Griffintown. Puis, au canal Lachine qui résulte lui aussi du travail humain de remodelage des sites. Toutes ces recherches nous ont fait traverser l’histoire ; depuis les arrivées européennes, confrontées aux premiers habitants de cette terre, les Kahnien’kehà :ka, jusqu’à la révolte, en 1843, des Irlandais employés pour la construction du Canal Lachine.
Pour Chantal, le défi a surtout été de donner des accents contemporains au contexte historique abordé dans le texte. En plus, le son devait pouvoir suppléer à ce que le texte ne pouvait dire. La traversée de l’histoire est donc rendue possible par le choix des tonalités, graves, métalliques, sons d’engrenages ; par le respect des lieux géographiques aussi. Au plan sonore, des éléments représentatifs des cultures devaient être mis en oeuvre. Des extraits des entrevues menées pour fin de recherche ont achevé de projeter l’œuvre en pleine contemporanéité.
Les mots entendus en kahnien’keha’ et en irlandais sont offerts en traduction dans le livret du CD qui sera lancé en même temps que la présentation de l'oeuvre, le 25 septembre 2014. Le kahnien’keha’ n’a d’abord existé que sous forme orale. Sa transcription écrite est une construction postérieure, modelée sur le système alphabétique des langues des conquérants. (S.C.)
Narration :
José Acquelin : L’arrivant
Sylvain Campeau : L’enrocheur
Catherine Kidd : Mary Gallagher
Trina Stacey : voix kahnien’keha’
Seaghan Mac an tSionnaigh : voix irlandaise
José Acquelin
Né à Montréal, José Acquelin est poète. De Tout va rien (L’Hexagone, 1987) à Le Zéro est l’origine de l’au-delà (Les Herbes rouges, 2011), sa trajectoire ne cesse d’étonner par son alliage d’urbanité et d’onirisme, d’Orient et d’Occident, laissant libre cours à des associations verbales qui n’excluent pas la conscience tragique du monde.
Catherine Kidd
Catherine Kidd, une artiste renommée, a performé ses nombreux textes de poésie récitative un peu partout sur la planète : New York, Édinbourg, Bavière, Singapour, Toronto, Oslo, Bristol, Montréal, Afrique du Sud, et bien d’autres. Elle a vécu à Whitehorse, Vancouver, et dans le nord de l’Inde avant de venir s’installer à Montréal.
Pour son assistance avec le kahnien’keha’, langue mohawk des gens de Kahnawàke :
Merci à Trina Stacey, Centre culturel et linguistique Kanien’kehá:ka Onkwawén:na Raotitióhkwa
Chantal Dumas
Artiste sonore, Chantal Dumas explore le médium du son à travers l’installation sonore, la fiction-documentaire radiophonique, la composition et le design sonore. Son travail inclut des aspects participatifs. Mettre en scène, mettre en jeu, faire vivre une expérience sont des stratégies qui font de la création un art de contact sensoriel. Son travail a été récompensé lors de concours internationaux et largement diffusé à l’étranger. (chantaldumas.org)
Sylvain Campeau
Sylvain Campeau est poète, critique d’art, essayiste et commissaire d’exposition. Depuis quelques années, il cherche l’opportunité de travailler en collaboration avec des artistes d’autres disciplines de manière à créer une oeuvre conjointe, mettant la poésie en dialogue avec l’image ou le son. Avec Havres, c’est maintenant chose faite.
Remerciements
Pour le temps passé à nous instruire de la langue irlandaise:
Merci à Seaghan Mac an tSionnaigh, Professeur de langue irlandaise
Masterisation : Christian Calon
Production réalisée à Montréal, hiver 2014
18h30 à 19h30
Soirée performance