Discussion avec Marie Frampier et Tjanara Jali Talbot

Présentation des résidences de la commissaire Marie Frampier (France) et l'artiste Tjanara Jali Talbot (Australie). Entrée 250 rue Queen.

 

Marie Frampier :

Marie Frampier présentera une sélection de ses projets curatoriaux. Elle évoquera entre autres la possible simultanéité des expériences performatives, la réécriture immédiate de l'histoire et la théorie du catastrophisme éclairé, qu'elle analysera sous le prisme de ses récentes découvertes montréalaises.

 

Tjanara Jali TalbotBiami Baayingi (Empreinte de Biami)

 Nous sommes la plus ancienne culture vivante du monde. Nos connexions spirituelles et mystiques sont toutes reliées à la terre. Nous ne sommes pas les visiteurs d’un temps, d’un lieu. Seuls nos corps sont éphémères. Ici, notre but est d’observer, d’apprendre, de grandir, d’aimer, puis nous rentrons chez nous. Dans la culture aborigène, c’est la philosophie ancienne, héritée de nos aînés. Comme porte-parole de la confédération iroquoise, Canassatego déclarait en 1740 : « Nous savons que nos terres ont acquis une plus grande valeur. Les Blancs pensent que nous ne connaissons pas cette valeur; mais nous savons que cette terre est éternelle, et que les biens que nous en recevons sont rapidement épuisés et disparus ». Souvent, mes parents m’apprenaient que les formes dans le paysage racontent l’histoire de la création de Biami. Nous avons beaucoup sillonné l’Australie en famille pour camper et parler du pays. Afin de saisir et apprécier la forme naturelle et les modèles trouvés dans le paysage australien, je combine la photographie et la performance pour fusionner ces connexions entre mémoire, lieu et culture qui donnent vie à des rêves et des cauchemars, de sorte que nous n’oublions jamais leur euphorique importance. Se souvenir de l’histoire et de la vivacité des rivières qui coulent, du parfum de l’eucalyptus et du balancement des arbres dans la brise, comme lorsque je m’assieds près d’un cours d’eau, loin de la civilisation. Reconnaître, dans un moment de silence, que nous sommes des êtres humains avec une culture qui respire, bel et bien vivante aujourd’hui, malgré l’ignorance de la société. Dans l’espace clos de mon atelier, un panier tissé à la main et l’odeur de la fumée d’eucalyptus accompagne les images que j’ai créées pour représenter la solidarité et les restrictions subies par le peuple aborigène en Australie.