Écho d’une présence

Après deux ans d’absence et de transformation de l’espace de la rue Ottawa, la Fonderie Darling a le plaisir de marquer le retour des événements ponctuels sur la Place publique avec un premier cycle de performances, sous l’intitulé Écho d’une présence.

Il y a quelques années déjà, Bruno Latour avait posé la question « Où atterrir ? » dans son livre du même nom, afin de mettre en lumière notre dépendance à la Terre. Avec comme désir d’explorer cette question à travers les sens et la chair, Écho d’une présence est une façon de chercher un endroit pour se poser, cultiver un sentiment d’appartenance ou de stabilité dans un monde en grande évolution. Alors que les solutions aux grands défis du 21e siècle reposent principalement sur l'élaboration de stratégies technologiques extraordinaires, telles que la colonisation de Mars, la modification du rayonnement solaire (SRM) ou la création de mondes virtuels (métavers), il est possible d'affirmer que les réponses actuelles aux crises climatiques et écologiques favorisent une approche centrée sur la technologie. Cependant, cette approche risque de nous détourner de la réalité de notre présence et de notre dépendance envers la Terre. Sans pour autant opposer le monde organique au technologique, la soirée de performances Écho d’une présence est une tentative d’exploration pour réaffirmer l’importance de s’incarner comme terrestres - de se connecter au vivant en sillonnant les maillages existants entre nos corps câblés et organiques. Plutôt que de nourrir un désir de « décoller » ou de se verser dans une transe, Écho d’une présence souhaite ainsi prolonger l’idée de se « poser » ou d’« atterrir » quelque part (pour reprendre les mots de Latour) afin d’arriver à se connecter en employant nos corps pour ressentir et percevoir. Écho d’une présence, c’est une formulation évocatrice qui ouvre à la fois des questions sur les défis et possibilités du monde contemporain, ainsi qu’à ses responsabilités. 

C’est ainsi que les artistes Laetitia de Coninck et Pilar Escobar sont arrivées au centre de ces réflexions. Avec l’aménagement de ce nouvel espace extérieur bétonné et perfectionné est rapidement apparue la nécessité sincère d’expérimenter ce milieu à deux, à la fois comme un « terrain de vie » (Latour) qui reflète les interdépendances des espèces et un espace ouvert au jeu libre. Les interventions performatives, conçues comme un travail en relais, de coopération et d’entraide, vont s’enchevêtrer, se mutualiser et s’étaler sur une durée de trois heures, en tenant compte d’un horizon partagé. Avec Dynamique des sols, Laetitia de Coninck s’attachera plus particulièrement au sol et à l’expérience de l’horizontalité. Alors que le paysage urbain est marqué par le signe du progrès et de la verticalité, de Coninck s’intéresse au sol sous nos pieds, perçu comme un espace ouvert aux multiples ramifications et connexions. Une démarche susceptible de mettre en lumière les processus géologiques façonnés par les forces symboliques des activités humaines. La performance Jugamos? de Pilar Escobar est quant à elle une tentative franche d’établir un contact direct et honnête avec ce qui est vivant pour apprendre à se laisser toucher et émouvoir par les différentes espèces, humaines et non-humaines. Alors qu’il serait possible de spéculer que les désastres politiques et environnementaux ont des effets mortifères dans nos vies, Escobar cherche, à la manière d’un événement, à s’habiter par le mouvement, la voix et la respiration.

 

Laurie Cotton Pigeon, Commissaire invitée

 

 

LAETITIA DE CONINCK

Artiste multidisciplinaire, Laetitia de Coninck poursuit une réflexion sur le vivant dans une approche à la fois géopoétique, relationnelle et collaborative. Depuis 2020, elle vit et travaille sur une ferme maraîchère située dans Lanaudière et s’intéresse plus particulièrement aux rapports entre corps humain et corps végétal dans une pratique composée de performances participatives, d’ateliers in situ et d’environnements hybrides nous invitant à la coprésence avec l’autre végétal. Candidate à la maîtrise en arts visuels et médiatiques à l’UQAM, Laetitia est également coordonnatrice pour le groupe de recherche interdisciplinaire pour le végétal et l’environnement (GRIVE). Récipiendaire de la bourse d’excellence du partenariat Reconnecter avec le vegétal (ReVe) 2022, Laetitia est finaliste à la bourse universitaire 2e cycle en arts visuels de la Fondation Grantham pour l’art et l’environnement 2023.

PILAR ESCOBAR

Née à Medellín, en Colombie, Pilar Escobar a grandi entourée par des artistes et des musiciennes.iens . Ses études en musique, en textiles, en coiffure et en danse ont favorisé l’hybridité de ses créations. Titulaire d'un baccalauréat en design de mode de l’université Pontificia Bolivariana de Medellín et d’un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’UQAM, Pilar poursuit actuellement ses études en maîtrise dans cette dernière institution. Ayant présenté son travail au Canada et en Malaisie, Pilar a été récipiendaire de la bourse de maitrise, Conseil de la recherche en sciences humaines du Canada et de la bourse des professeurs de l’École des arts visuels et médiatiques de l’UQAM en 2022.

LAURIE COTTON PIGEON 

Laurie Cotton Pigeon est détentrice d'une maîtrise en histoire de l'art de l'UQÀM. Ses intérêts de recherche portent sur le cyberféminisme, les utopies technologiques, le jeu vidéo et l'art web. Elle est commissaire indépendante et enseignante en arts plastiques au secondaire. Parmi ses collaborations récentes, on peut noter sa participation à la 11e édition de RIPA (Rencontre interuniversitaire de performance actuelle) ainsi que la 13e édition de la Place Publique, Circuits allégoriques pour logiciels humains (Fonderie Darling, 2020). Elle s'est vu décerner plusieurs prix et bourses des milieux académiques et artistiques.

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5:00 pm 10:00 pm

Place publique

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