karen elaine spencer  /  revenons en oiseau, être un arbre est trop dur et aujourd’hui, il neige

revenons en oiseau, être un arbre est trop dur et aujourd’hui, il neige rassemble plus de trente ans de pratique de l’artiste montréalaise karen elaine spencer et nous entraîne dans une traversée où le deuil devient mouvement, écoute et attention au monde. L’exposition entremêle sculptures-armures faites de fil barbelé et de soie, vidéo de performance, dessins, vêtements et photographies.

Les oiseaux incarnent la liberté d’habiter le ciel ; leur chant ouvre un espace affectif qui échappe à nos frontières. À l’inverse, la figure de l’arbre, trop lourde pour se déplacer, rappelle la vulnérabilité associée à l’immobilité. À travers des gestes ténus, presque invisibles, l’artiste ébauche avec soin et insistance une résistance discrète, choisissant d’observer et d’habiter les marges, les espaces interstitiels et le silence entre les choses.

Marcher, encore et toujours, devient un acte de survie. Dans la galerie teintée d’un bleu céleste — couleur d’un infini suspendu entre présence et absence — une bande sonore guide les pas des visiteur·euse·s, tandis que chaque carton lettré, chaque pelure d’orange conservée, raconte un fragment de vie partagée. Les phrases de l’artiste — griffonnées, chuchotées ou portées sur soi — tissent un espace où l’intime rejoint le collectif, où la parole circule comme un chant d’oiseau entre deux silences.

Composée comme une constellation de souvenirs, l’exposition invite à ralentir, écouter et se souvenir. Elle rend hommage à la puissance douce de karen elaine spencer, qui transforme la perte en élan poétique et ouvre des passages entre nos frontières intérieures et cet horizon qui plane au-dessus de nous. Revenons en oiseaux : marchons, chantons, habitons autrement le monde, libres et vulnérables tout à la fois.

karen elaine spencer

Originaire de Colombie-Britannique, karen elaine spencer vit et travaille à Montréal. Elle est titulaire d’une maîtrise en arts visuels et médiatiques de l’Université du Québec à Montréal et d’un baccalauréat en beaux-arts du Nova Scotia College of Art and Design à Halifax. Parmi ses projets récents figurent une œuvre d’art public à l’école Saint-Jean-de-Matha (2020), un mur textile inspiré de Margaret Atwood pour le Consulat général du Canada à New York (2019) et la conception du tapis de la salle du Québec pour la Maison du Canada à Londres (2015, en collaboration avec Nadia Myre). Son travail a notamment été présenté à Verticale – centre d’artistes (Laval, 2023), à Admare (Îles-de-la-Madeleine, 2020), chez DARE-DARE (Montréal, 2018-2019), à la Galerie Sans Nom (Moncton, 2018), à Little Berlin (Philadelphie, 2015) et au International Studio & Curatorial Program (ISCP) (Brooklyn, 2014). Les œuvres de spencer font partie de plusieurs collections tant privées que publiques. Elle est lauréate du Prix Louis Comtois de l’Association des galeries d’art contemporain (AGAG) et la Ville de Montréal (2022).