Tabita Rezaire
Avec la série INNER FIRE, Rezaire se met en scène dans des allégories photographiques exubérantes qui engagent des mythologies et des diasporas spéculatives. Des temporalités insolites y coexistent, alors que sont conjuguées des images tirées de l’Égypte ancienne et du web. Incarnant une créature robotique mi-femme mi-animal flottant au milieu d’étoiles scintillantes ou posant telle une divinité à quatre bras sur un globe luminescent, l’artiste revêt une multiplicité d’identités liées aux archétypes de la femme noire – aux fantasmes et aux chimères, aux aspirations et aux contradictions qui les accompagnent. De courtes phrases aux évocations féministes et décoloniales sont juxtaposées aux images, incitant à une critique anticapitaliste du patriarcat et de l’occidentalocentrisme latent du web. Empruntant à la science-fiction, aux féminismes et aux innovations technologiques leurs méthodologies et leur pouvoir critique et créatif, Rezaire convoque une sorte de mémoire numérique redevable des savoirs ancestraux de façon à renverser la représentation stéréotypée des personnes noires sur Internet et à revendiquer une vision émancipatrice pour les femmes noires ainsi que pour les personnes non binaires et queers. À travers ses collages libérateurs, Rezaire explore diverses subjectivités et croyances inspirées des quatre éléments : le feu, l’eau, l’air et la terre. L’œuvre s’intéresse aux connexions possibles entre le corps, l’esprit et la nature ainsi qu’au potentiel réparateur d’une forme de spiritualité 2.0. Avec son esthétique kitsch flamboyante, INNER FIRE réhabilite les imaginaires en exposant tout à la fois la violence menée par les réseaux de communication et l’énergie transformative propre au pouvoir noir femme.
Biographie
Tabita Rezaire (née à Paris, France; vit à Cayenne, Guyane française) travaille à l’intersection des arts visuels et thérapeutiques et des sciences de la communication. Son approche holistique, inspirée des sagesses ancestrales, investit différentes avenues de création et de guérison dans le but de repenser le corps à travers l’enchevêtrement des réseaux (organiques, électroniques et spirituels) qui le définissent. L’artiste invite à s’affranchir de l’hégémonie occidentale et des hiérarchies arbitraires que cette dernière érige en regard des genres, des sexualités, des cultures et des systèmes de connaissance hérités du colonialisme.