DES TENTACULES FAÇONNANT LE MONDE

Dans l’exposition de groupe Des tentacules façonnant le monde, les savoirs technologiques,  écologiques  et  spirituels  s’unissent  pour  forger  toutes  sortes  d’avenirs possibles. Les artistes cristallisent des instants qui évoquent la renaissance du  phénix,  la  nature  jaillissant  à  l’extérieur  des  relations  destructrices  issues  du  colonialisme et du patriarcat, les corps transcendant les idées de race, de genre et  de  sexualité,  les  savoirs  ancestraux  se  mariant  aux  technologies.  Chacun·e  à  sa façon, ces artistes s’intéressent à la réhabilitation des imaginaires historique, linguistique et scientifique. Dans cet univers postnaturel et posthumain, le passé se dote de tentacules qui se métamorphosent en un éventail d’avenirs spéculatifs empreints de bienveillance.

 

À PROPOS DE MOMENTA BIENNALE DE L'IMAGE

MOMENTA Biennale de l’image est une biennale internationale d’art contemporain vouée à l’image. Sa mission est de générer un impact sensible et sensé sur le monde qui nous entoure par l’entremise de l’image. La manifestation met en œuvre des initiatives rassembleuses et structurantes pour la diffusion de l’art et l’éducation, initiatives qui favorisent la réflexion et l’accès à l’art contemporain. Fondé en 1989 sous l’appellation Le Mois de la Photo à Montréal, l’organisme est rebaptisé MOMENTA Biennale de l’image en 2017. La dernière édition de la biennale, en 2019, incluait 13 expositions, 39 artistes et 40 évènements publics ; elle a rejoint un public dont l’affluence s’est traduite par plus de 210 000 visites d’exposition.

 

 

Charlotte Brathwaite

Charlotte Brathwaite (née à Londres, Royaume-Uni ; vit à New York, États-Unis) met en scène des univers célébrant les personnes qui ont survécu aux ravages de l’esclavage, des génocides et de la colonisation. Elle œuvre à recentrer leurs vécus, leurs désirs et leurs rêves, laissant place à des narrations spirituelle, visuelle et orale empreintes de poésie et d’humanité. À travers une pratique interdisciplinaire employant des dispositifs à la fois visuels, performatifs et discursifs, l’artiste offre des points de contact sensibles pour aborder les enjeux de justice sociale, d’identité, de race et de pouvoir, ainsi que les complexités de la condition humaine.

Julien Creuzet

Julien Creuzet (né à Le Blanc-Mesnil, France ; vit à Montreuil, France) explore les expériences diasporiques en s’intéressant aux héritages culturels, y compris le sien. À travers des œuvres immersives qui entrelacent sculpture, vidéo, poésie et musique, il met en relief les liens qui existent entre les imaginaires, les réalités sociales et les récits oubliés. L’artiste puise son inspiration des poètes martiniquais Aimé Césaire et Édouard Glissant et de leurs réflexions sur la créolisation, la migration et la figure de l’archipel – autant d’espaces poétiques et théoriques où parviennent à être préservées, dans un esprit pourtant globalisant, la diversité et la différence.

Sandra Mujinga

Sandra Mujinga (née à Goma, République démocratique du Congo ; vit à Berlin, Allemagne, et à Oslo, Norvège) se penche sur les enjeux liés à l’identité en s’attardant aux politiques de visibilité et de représentation, plus que jamais modulées par des questions de surveillance et de contrôle. À travers une pratique multidisciplinaire guidée par le féminisme intersectionnel et les approches décoloniales, l’artiste et musicienne joue avec les mécanismes d’observation et de dissimulation en s’inspirant des technologies numériques et du monde animal pour examiner la notion de présence et le potentiel politique de son contraire : l’absence.

Tabita Rezaire

Tabita Rezaire (née à Paris, France; vit à Cayenne, Guyane française) travaille à l’intersection des arts visuels et thérapeutiques et des sciences de la communication. Son approche holistique, inspirée des sagesses ancestrales, investit différentes avenues de création et de guérison dans le but de repenser le corps à travers l’enchevêtrement des réseaux (organiques, électroniques et spirituels) qui le définissent. L’artiste invite à s’affranchir de l’hégémonie occidentale et des hiérarchies arbitraires que cette dernière érige en regard des genres, des sexualités, des cultures et des systèmes de connaissance hérités du colonialisme.

Jamilah Sabur

Jamilah Sabur (née à Saint Andrew, Jamaïque ; vit à Miami, États-Unis) s’intéresse à la géologie, à la géographie, à la mémoire et au langage. Elle puise dans ces thèmes pour explorer la nature temporaire du monde, s’attardant aux corps (géologiques, humains, océaniques, etc.) comme points de contact entre le passé, le présent et le futur. Ses œuvres, qui conjuguent performance, photographie, installation et vidéo, sont irriguées par l’histoire coloniale, les enjeux de migration et nos rapports à l’environnement. Ancré dans la notion d’existence, son travail sonde ce qui a disparu de notre champ de vision afin de faire émerger les histoires ensevelies.

Tejal Shah

Tejal Shah (né·e à Bhilai, Inde ; vit à New Delhi, Inde) s’intéresse aux relations entre le genre, l’écologie, la science et la sexualité. Pratiquant le bouddhisme tibétain et la permaculture, Shah cherche à élargir les façons d’établir des liens avec d’autres formes de subjectivités ainsi qu’avec la terre. Sa pratique transdisciplinaire, éclairée par les pensées bouddhiste et queer, interroge les systèmes dualistes dans lesquels les éléments sont perçus comme disjoints et opposés. Les enjeux liés à la violence, au pouvoir, à l’amour et à la régénération sont abordés dans ses œuvres vidéos et ses performances, et plus récemment, explorés au sein d’ateliers et de programmes d’études pratiques et théoriques.