Pierrick Sorin s'est fait connaître à la fin des années 80 par ses "auto-filmages", courts-métrages ou vidéos ayant pour sujet la vie quotidienne. Dans ces saynètes burlesques, sur un mode tragi-comique, Sorin interprète un anti-héros dont l’existence pathétique ne semble être qu’une succession de gestes insignifiants et autocritiques. Par saturation de l’espace visuel de sa propre représentation, il remet en question un système aliénant, centré sur notre propre personne, qui ne laisse que peu de place à la différence, mais aussi l'art qui est un des modes privilégiés de l'apparition de l'être. Dans l’installation principale -Une vie bien remplie- une constellation d’images de l’artiste dans des actions journalières («se lève», «se brosse les dents», «se mouche»,…) - envahit la grande salle de la Fonderie Darling, alors qu’en arrière sur le mur de brique, deux gigantesques auto-portraits se fondent l’un à l’autre.
Les différents formats utilisés par l’artiste – installations, sculptures, vidéos, spectacle - sont présentés dans l'exposition: deux courts-métrages, Nantes, Projets d’artistes (2000) et C’est bien mignon tout ça (1993); deux théâtres optiques, sculpture animée d’une projection vidéo, dont le fameux Tourne-disque commandé à l’artiste par Robert Lepage, et l’Aquarium aux danseuses. L’une de ses dernières créations, le spectacle 22h13, dont il est le metteur en scène mais non l’acteur, se présente sous forme d’un montage réalisé à partir des prises de vue du spectacle.
Pierrick Sorin
Pierrick Sorin est une figure majeure de la scène artistique française. À son apogée dans les années 80 et 90, il a représenté la France à la Biennale de Venise, a exposé en solo au Centre Georges Pompidou et a été représenté par la Galerie Barbara Gladstone de New York. Ses œuvres faisant écho à la technologie d’une époque, et s’orientant lui même de plus vers le spectacle vivant, son nom a quelque peu été oublié dans le milieu des arts visuels. Pierrick Sorin revient en force ces dernières années avec une grande exposition rétrospective au Lieu Unique à Nantes en 2010, au 104 à Paris, un spectacle 22h13’ en tournée mondiale et une autre rétrospective qui vient d’ouvrir ses portes au Musée d’art moderne de Buenos Aires (MAMBA) en Argentine.