Baruch Gottlieb  /  Feedback #6 : Marshall McLuhan et les arts

ANTI-ENVIRONNEMENT 

Feedback #6 : Marshall McLuhan et les arts fait partie d’une série d’expositions récursives et de programmes publics centrés sur la pensée révolutionnaire de Marshall McLuhan à propos des médias et de la technologie, ainsi que sur ses pratiques performatives et éditoriales innovatrices. McLuhan était un nouveau type de chercheur pour l’ère électronique, qui sut voir que l’art avait une capacité unique de comprendre le pouvoir des médias. Les artistes, croyait-il, jouent le rôle de radars permettant au public de saisir les effets psychiques, sensoriels et sociaux imperceptibles des technologies. Faisant fi des processus d'évaluation par les pairs, McLuhan a publié ses idées de manière expérimentale dans la presse populaire, souvent en collaboration avec d’autres, afin de tester les réactions des lecteurs. Ce travail d'érudition actif, en direct dans les médias, a été ouvertement méprisé par nombre de ses collègues universitaires, admiratifs et envieux du dynamisme de ses idées et de l'appétit apparemment sans fin qu'elles suscitaient dans les médias de masse. À son tour, McLuhan s'est laissé prendre par les médias, qui l'ont récompensé par la célébrité.

Quarante ans après le décès de ce penseur canadien emblématique, les milieux de l’art et de la recherche continuent de revenir sur son œuvre pour comprendre les expériences personnelles et partagées de la numérisation et de la mondialisation contemporaines. Dans le contexte de cette exposition, des matériaux d’archives sont présentés en conversation avec des œuvres d’art contemporain explorant différentes facettes des notions littérale et figurative de feedback (rétroaction) en ce qu’elles s’appliquent aux technologies, à notre environnement et à nos corps. Des extraits des apparitions télévisées de McLuhan et des exemplaires de ses publications expérimentales Explorations : Studies in Culture and Communication (1953-1957) et DEW-Line Newsletter (1968-1970) sont présentés dans les espaces d’exposition de la Fonderie Darling, à côté d’œuvres d’artistes locaux et internationaux.

Le terme « feedback » est utilisé ici pour réfléchir sur la manière dont notre expérience des technologies façonne la perception et la compréhension que nous avons du monde ; les artistes insistent sur la boucle de rétroaction (feedback loop) entre l’observation, la mémoire et l’imagination. Il fait également référence au principe cybernétique fondamental des systèmes autorégulés, qui constituent aujourd’hui une part essentielle de choses allant de la publicité à la criminologie, des villes intelligentes à l’immunologie. À travers le processus de rétroaction, les médias et les technologies s’informent comme ils informent le monde, en collectant des informations au fur et à mesure, nous entraînant dans des environnements immersifs et omniprésents. Selon McLuhan, par le biais de l’art, les artistes produisent des «anti-environnements», qui permettent au public de percevoir et d’aborder les changements autrement imperceptibles qui se produisent. Si nous voulons éviter la catastrophe dans un monde en rapide évolution technologique et scientifique, observait McLuhan, nous devons regarder ce que font les artistes.

Cette exposition de groupe est également appuyée par un riche programme public, qui comprend des ateliers et des performances, des conversations et un colloque avec des spécialistes de la théorie mcluhannienne, répartis sur les 5 mois de l’exposition. Ce programme inclut également le lancement d’une publication très attendue sur le sujet intitulée Re-Understanding Media: Feminist Extensions of Marshall McLuhan, et sous la direction de Sarah Sharma, qui a dirigé le McLuhan Program in Culture and Technology à l’Université de Toronto pendant plusieurs années.


 VIDÉO INTRODUCTIVE

 

  

REMERCIEMENTS

Ce projet est possible grâce à nos partenaires, que nous remercions pour leur soutien. 

Co-production : West Den Haag (NL)
Partenaires de création : Programme McLuhan de l’Université de Toronto, Bibliothèque Kelly de l’Université de Toronto, Bibliothèque des livres rares Thomas Fisher de l’Université de Toronto
Partenaires : Centre Canadien d’Architecture, Fondation Phi, Office national du film
Soutien financier : Conseil des arts du Canada, Goethe Institut

Soutiens : Stephanie, Michael et Andrew McLuhan

Les archives vidéo de McLuhan sont une gracieuseté de la collection spéciale marshallmcluhanspeaks.com de Stephanie McLuhan et Sandy Pearl.

La section d’exposition sur le DEW-Line Newsletter est co-commissariée avec Graham Larkin.

La section d’exposition sur Explorations est co-commissariée avec Michael Darroch et Janine Marchessault, avec le soutien du Conseil de recherches en sciences humaines et une documentation supplémentaire et le soutien de Simon Rogers.


 

  

 

 

  

Baruch Gottlieb

Né à Montréal, Dr. phil. Baruch Gottlieb est un écrivain, conservateur et artiste médiatique basé à Berlin. Formé comme cinéaste à l'Université Concordia, Gottlieb est titulaire d'un doctorat en esthétique numérique de l'Université des Arts de Berlin. Œuvrant dans le domaine de l'art électronique avec une spécialisation professionnelle dans l'art public depuis 1999, Baruch Gottlieb est conservateur à l'institut d'art contemporain néerlandais West Den Haag. Il a été le commissaire de la série d'expositions itinérantes Flusser & the Arts, basée sur les écrits philosophiques de Vilém Flusser, et FEEDBACK : Marshall McLuhan et les arts, basée sur la pratique expérimentale de l'édition de Marshall McLuhan. Gottlieb est le cofondateur du festival d'art sonore SFX Séoul et du Flusser Club, une association dédiée à l'œuvre de Vilém Flusser, et est actuellement directeur du Research Institute for Technical Aesthetics (RITA), à Berlin. Outre sa pratique curatoriale, il a été professeur d'art médiatique à la Yonsei University Graduate School for Communication and Arts à Séoul, en Corée (2005-2008), et enseigne actuellement l'esthétique numérique à l'Université des arts de Berlin. Auteur de "Gratitude for Technology" (ATROPOS 2009), "A Political Economy of the Smallest Things" (ATROPOS 2016) et "Digital Materialism" (Emerald 2018). Gottlieb écrit abondamment sur les médias numériques, l'archivage numérique, les processus génératifs et interactifs, les médias numériques pour l'espace public et les aspects sociaux et politiques des médias en réseau.