Entendez-moi.
Je vous parle depuis les dédales où je me trouve condamné à errer. Les illusions qui m’entourent se referment peu à peu sur moi et brouillent ma perception jusqu’à me faire oublier mon nom. À mesure que j’avance, un murmure venu d’un souffle ancien traverse la pierre et glisse jusqu’à mon oreille des paroles aux accents prophétiques : quiconque se perd en ces lieux finira par voir le réel se fondre dans les tumultes de sa psyché et se recomposer en une chimère habitée par ses craintes et ses désirs les plus intimes.
Un·e oracle, drapé·e de ses présages me renvoie alors à mon propre reflet. Car dans l’ombre des murs de pierre rôde un monstre armé de mes blessures les plus anciennes, qui garde l’entrée des oubliettes où sont séquestrés les fragments oubliés de mon passé. Dans ce lieu qui recèle de formidables dangers, je me dois de poursuivre ma quête, porté par l’espoir de trouver un jour le trésor, cette lueur intérieure depuis longtemps perdue.
Mon histoire, qui est également la vôtre, prend corps à travers l’exposition à venir de Mégane Voghell : un territoire qu’elle façonne pour conjurer l’angoisse par le fantastique et où s’exerce ce pouvoir démiurgique, propre aux Dungeon Masters et autres artistes : soit celui de modeler, par l’imagination, des mondes capables de dénouer les nôtres.
Mégane Voghell
Mégane Voghell est une artiste multidisciplinaire (arts médiatiques, dessin, installation et création littéraire), dont les axes de recherche portent sur l’étude critique du pouvoir de séduction des images à l’ère de la post-vérité. Mêlant une écriture épistolaire à la création de mises en scène, elle explore différents dispositifs narratifs pour questionner le monde du vivant, entre ses représentations et ses réalités. Son travail a été présenté au niveau régional, national et international. Elle compte parmis ses récentes participations, le programme de résidence international de Diagonale (Rio de Janeiro, 2019), les expositions de groupe May West, à Vicki's Project (Newburg, 2019) et À condition, à la galerie Calaboose (Montréal, 2019).
