Mégane Voghell
Avalon
Nadège Grebmeier Forget
Anna Eyler et Nicolas Lapointe
Xuan Ye
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Erin Gee et Jen Kutler
Fabienne Audéoud
Ileana Hernandez
Nina Vroemen et Erin Hill
Emma-Kate Guimond
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Du 9 juillet au 24 septembre 2020, Circuits allégoriques pour logiciels humains invite le public à explorer un lieu double, à la fois IRL (In Real Life) et URL (Uniform Resource Locator), créant ainsi un lien de correspondance entre le présentiel et le numérique. Pour la 13e édition de la Place Publique, la série de performances est organisée par Laurie Cotton Pigeon, étudiante à la maîtrise en histoire de l’art à l’UQAM. Ce programme de performances offre une occasion de revoir l’héritage cybernétique et l’imaginaire techno-utopiste, en ayant comme source d’inspiration les diverses interventions cyberféministes des années 1980-90, de la figure du cyborg de Donna Haraway, du posthumain de N. Katherine Hayles et des récits de science-fiction féministe. Les différentes propositions artistiques prendront la forme d’allégories abordant l’environnement technologique d’un point de vue féministe, afin de mettre en évidence la pertinence du corps biologique, l’importance des réseaux et du potentiel d’action des individus, à l’ère de l’hyperconnexion.
De nos jours, l’ubiquité d’Internet n’est pas sans rappeler les images prophétiques de Marshall McLuhan, qui semblaient pourtant tirées de récits de science-fiction, lorsqu’il anticipait, dans les années 1960, le prolongement technologique de l’humain, pour créer un système de connexions de grande envergure, ce qu’il nommait le « village global ». Alors que l’économie mondiale est façonnée par les GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), la cyborgisation de l’humain suscite de nombreux questionnements sur les influences des objets médiatiques dans nos vies. Bien que nous n’ayons jamais été autant connectés ou appareillés par différentes composantes technologiques, de la téléprésence aux représentations visuelles (avatars), augmentées et calculées de soi, des injustices sociales et environnementales persistent encore au quotidien. Nous pouvons alors nous demander : Quel est le sens de cette (hyper)connexion ? Comment vivons-nous ensemble ? Quelles sont les voix que nous écoutons ? Comment définissons-nous notre connexion au vivant et à l’artificiel ? Avec qui sommes-nous en relation à travers notre écran ?
Circuits allégoriques pour logiciels humains rappelle l’importance du corps individuel et des corps collectifs, de la valeur des liens de réciprocité avec l'artificiel ainsi que le vivant, humain et non-humain. Parmi ces circuits de performances, Mégane Voghell invite le spectateur à se plonger dans la forêt boréale de la Côte-Nord, tout près de la centrale Manic-5, pour y vivre une exploration médiatisée par l’avatar de l’artiste ou de son propre personnage. Il s’agit d’une performance vidéo qui s'appuie sur les codes visuels de l’univers des « streamers » de la populaire plateforme Twitch, pour contempler la flore indigène du Québec, sous la forme d’un jeu d’aventure à la première personne. La notion de connexion médiatisée est aussi présente dans l’oeuvre performative des artistes Erin Gee et Jen Kutler. Les deux artistes étant localisées à deux endroits différents (Gee habite au Canada et Kutler aux États-Unis), ont établi un système de correspondance sensorielle sans jamais s’être rencontrées en présentiel, leur permettant de pallier les contraintes associées aux distances géographiques et à concrétiser la « virtualité » d’Internet. S’intéressant à la nature inconsciente et autonome des sensations corporelles et des émotions associées, les artistes simulent le toucher en combinant une technique de relaxation par le son ASMR, avec une utilisation de dispositifs bricolés (Touch Simulation Units), dont le fonctionnement est similaire à la Neurostimulation électrique transcutanée (TENS). Pour conclure cette brève introduction, les artistes Nina Vroemen et Erin Hill proposent une poésie symbolique et onirique sur la nature des nuages. Les deux artistes enveloppées dans leurs propres cocons de plastique, incarnent par le mouvement ralenti de leurs corps, toute la douceur qui est associée à ces masses de gouttelettes en suspension. Elles tentent ainsi de résister à l’accélération relative à l’infonuagique, par le biais de ces actions performatives qui font l’éloge de la lenteur.
Circuits allégoriques pour logiciels humains est conçu en dialogue avec l’exposition collective FEEDBACK #7 : Marshall McLuhan et les arts, qui sera présentée à l’été 2021 dans les salles d’exposition de la Fonderie Darling. Bien que cette exposition a inspiré le thème de la Place Publique, elle a été reportée à l’année 2021 pour des raisons circonstancielles.
UN ESPACE OUVERT ET GRATUIT /
La Place Publique, c'est enfin un lieu de convivialité et d'hospitalité pour tous. Grâce au soutien de la Ville de Montréal, la Fonderie Darling est heureuse d’annoncer l’ouverture de la Place Publique pour toute la période estivale et la piétonnisation de la rue du 2 juillet au 31 octobre 2020. En vue d’offrir un espace extérieur à la fois sécuritaire, inspirant et divertissant à tous les Montréalais, la Fonderie Darling met sur pied une programmation artistique hybride et réinvente la terrasse-bar Second Nature avec des aménagements de rue adaptée aux mesures sanitaires.
Reconnu pour sa pratique alliant l'art et l'activisme, l'artiste de rue Roadsworth réalise cette année un marquage au sol pour l'espace dédié à la Place Publique sur la rue Ottawa. Des motifs organiques de vagues et de poissons dessinés sur le macadam enjolivent l'espace tout en facilitant le respect des mesures de distanciation physique. Cette intervention artistique consacrant la rue aux citoyens est d'autant plus significative alors qu'elle s'inscrit en continuité avec une précédente collaboration avec l’artiste datant de 2006, où Roadsworth créait une mural sur le bâtiment de la Fonderie Darling pour prendre position contre la présence excessive de l'automobile dans les quartiers urbains résidentiels.
PROGRAMME /
09 juillet - Votre destin dans le parfum des herbes, de Mégane Voghell
16 juillet - Dévoilement de l'œuvre in situ D.o.t.T.D, de Anna Eyler et Nicolas Lapointe
30 juillet - NVA x Fonderie Darling AVEC LE SOUTIEN DE MUTEK (STREAM ON)
6 août - Nadège Grebmeier Forget + D.o.t.T.D de Anna Eyler et Nicolas Lapointe
13 août - What lets lethargy dream produces lethargy's surplus value, de Xuan Ye + Presence, une performance de Erin Gee et Jen Kutler + Le Jardin Fantastique, de AVALON
27 août - Corps roca & Danser dans les vallées de ta peau hérissée, de Ileana Hernandez + Sisters of the Celestial Order of Nephology, de Nina Vroemen et Erin Hill
3 septembre - The Plot, de Emma-Kate Guimond + D.o.t.T.D, de Anna Eyler et Nicolas Lapointe
10 septembre - Soirée Carte Blanche : Cercle Carré
17 septembre - Soirée Carte Blanche : Ada X présent XX Files
24 septembre - D.o.t.T.D, de Anna Eyler et Nicolas Lapointe + Post-Porn-Selfies-Feed (The Recital), de Fabienne Audéoud
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LAURIE COTTON PIGEON
Laurie Cotton Pigeon est candidate à la maîtrise en histoire de l’art, à l’UQAM. Ses intérêts de recherche portent sur le cyberféminisme, les utopies technologiques, les jeux vidéo et l’art Web. Elle est bénéficiaire de la bourse pour stage en milieu pratique du Fonds de recherche du Québec - Société et culture (FRQSC), pour son commissariat de la 13e édition de la Place Publique, Circuits allégoriques pour logiciels humains (Fonderie Darling, Montréal). En 2020, elle a réalisé, à titre de commissaire indépendante, l’exposition Forêt/Paradigme 2020, avec la sculpteure Lise-Hélène Larin (Agora, Montréal). Elle est aussi co-commissaire de l’exposition itinérante Trajectories, à la Two-Rivers Gallery (Prince George, 2019). En plus de ces expériences, elle est responsable de la programmation à la galerie GHAM & DAFE et cheffe de pupitre arts visuels pour la revue Artichaut, depuis 2019.